À force de répéter que ce serait plus sympa de faire un grand voyage plutôt que de renouveler une fois encore la « grande » aventure qui consiste à aller se poser dans un restaurant pour y déjeuner, la décision est finalement prise : ce sera l’Écosse ! Alors, les amis, qui veut participer au voyage ? Au final, nous sommes 5 copains pilotes privés à confirmer notre intérêt, dont un élève en fin de formation au PPL (H). C’est clair, il faudra deux R44 !
Nous en partageons déjà un en copropriété, basé à Lognes, il nous faut donc en trouver un autre et qu’il soit aussi un Clipper II, traversée du Channel oblige ! Un peu de bouche-à-oreille et nous trouvons un club qui accepte de nous louer un appareil qui sera placé sous la responsabilité d’un de leur instructeur (lequel a eu la bonne idée de naître de père écossais et de mère irlandaise, ce qui détend quant à la mise en « live » redoutée par les récents titulaires de la compétence FCL055 que nous sommes !). En plus, cela va permettre à notre jeune impétrant de poursuivre sa formation…
Nous traçons l’itinéraire : avec 8 jours devant nous on montera jusqu’à Islay et Jura, les Lochs, Oban (pour la mythique partie Whiskies et distilleries) puis les Highlands avant de revenir par la côte est. Sept jours de voyage plus un jour « spare » en cas de retard dû à la MTO ou autre aléa… Nous prévoyons également un itinéraire « bis » : Cornouailles et pays de Galles au cas où le nord du Royaume-Uni s’avérerait QGO la semaine prévue du départ. Le temps de commander les cartes Jeppesen, le transit Londres et le Pooley’s qui recense tous les terrains, arrive déjà le rendez-vous du 2 juin à 9 h 30 sur le terrain de Lognes.
Sur le tarmac : deux R44, trois passagers par hélico avec chacun un sac souple chargé au minimum. Après vérification des masses, nous faisons le plein pour 2 heures de pétrole + sécurité dans chaque machine, ce qui, de fait, fixe la jauge max pour tous les réassorts à venir. Transit Paris par les Moulineaux avec Pontoise puis direct vers Le Touquet, réassort 100 LL, café-crème, formulaire de Douane et plan de vol pour Headcorne Airfield. On enfile les gilets et c’est là que va se jouer pour tout le monde la première Manche !
Je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres, mais le fait de me retrouver avec de l’eau dessous, devant, derrière et sur les côtés ne me détend pas particulièrement… Mais bon : pourquoi le moteur, qui n’a jamais eu de problème et qui, de surcroît, ignore que nous sommes sur l’eau, s’arrêterait-il maintenant ? Restons zen et recalculons (ça fait déjà dix fois…) combien de temps il reste avant d’atteindre la côte. Elle se dessine au dernier moment avec un temps laiteux qui s’éclaircit au niveau des falaises : il fait beau sur Albion avec une traîne qui se charge.
Nous nous posons à Headcorne, l’accueil est sympa et simple quant aux formalités. Mise en contact avec l’English food au « bar des ailes ». Quand on a faim tout passe… C’est ensuite parti pour la montée vers le nord avec des étapes essence prévues toutes les heures et demie, incluant un changement de pilote afin que chacun en profite et garde « l’œil frais ». Pendant ce temps, la traîne ne reste pas inactive et devient même carrément hostile à l’approche de la CTR de Manchester : masses noires pré-orageuses, grosses averses, stratus filants, et plafond en chute libre… C’est l’image d’Epinal du British weather…
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