Voyager pour monter ses heures: Charleroi Marrakech
Par Donald Tuck-Sherman et Julie Restiau, photos de l’auteur et Bastien.
Bastien et moi cherchions un moyen rapide et amusant pour terminer notre pack « time building », les heures de vol que nous devons faire dans le cadre de notre formation de pilote de ligne. Nous avons commencé à nous imaginer tout un tas de projets un peu fous jusqu’à ce que nous réalisions que l’une de nos idées n’était pas si irréalisable que nous le pensions !
Après un mois de préparation, le temps de trouver toutes les cartes, de récolter des informations utiles via l’AIP et d’autres sources, de contacter les différents aérodromes où nous avions prévu de nous arrêter, et nous voilà partis pour le Maroc !
Nous décollons de l’aéroport de Charleroi (EBCI) à 10 h 45 le mardi 20 mai. Direction Vichy pour notre premier fuel stop. À EBCI, la météo est vraiment parfaite, on ne peut rêver mieux ! Puis le ciel se couvre, mais cela ne nous pose pas encore de problèmes car la base des nuages semble encore haute. Après vérification de la météo à notre prochain stop, Perpignan (LFMP) et ses alentours, il s’avère que les conditions se sont sérieusement dégradées, à peine VMC. Ayant bien préparé le vol, avec de nombreux terrains de dégagement sur notre route, nous décidons quand même de tenter le coup. Arrivés dans le Massif Central, nous sommes on top à 5 000 pieds avec une GS de 74 kt indiquée au GPS et une IAS de 110 kt. Nous décidons alors de passer sous la couche pour voir si les vents ne sont pas plus favorables. Nous sommes secoués. Le vent du sud souffle aux alentours des 40/50 kt à notre niveau et le relief n’aide pas vraiment. Pour couronner le tout, le plafond se met à descendre dangereusement.
Nous décidons de nous diriger vers l’aérodrome de Millau-Larzac (LFCM). Au sol, pas un chat à l’horizon… Nous appelons alors la tour de Montpellier qui nous communique le numéro du gérant de l’aéro-club. Trente minutes plus tard, le secrétaire nous ouvre le hangar et nous passons la nuit chez lui ! Par chance, il possède justement des chambres d’hôtes et, comble de l’ironie, est un ancien militaire belge à la retraite qui était basé là où nous avons appris à voler !
Donald (à gauche) se charge de prendre des photos en attendant son tour pour passer aux commandes.
Encore et toujours de nuages
Le lendemain, les conditions sont à peine meilleures, voire même pires par moments. Après avoir patienté quelques heures et attendu des METAR plus encourageants sur LFMP et les aérodromes alentours, nous redécollons aux environs de 14 h 00 LT. Encore une fois, nous avons droit à de fortes turbulences créées par le relief escarpé de cette région. On vérifie en direct les cours de météo : relief montagneux + vent = turbulences…
Après 45 minutes de vol, nous vérifions l’ATIS de LFMP : mauvaise nouvelle, le plafond est redescendu. Avec à nouveau des vents assez forts sur notre route, nous décidons donc de nous poser à Beziers (LFMU) pour refueler, par pure précaution (staff super sympa d’ailleurs), étant donné que nous n’avions pas eu l’occasion de remettre du carburant à LFCM.
Après un décollage sur la piste 10, la montée vers notre altitude de croisière s’annonce plus délicate. Encore des nuages ! Nous sommes coincés à 1 000 ft QNH, sous peine d’être en IMC si nous montons plus… Fort heureusement pour nous, il n’y a pas de trafic à LFMP et la tour accepte de nous prendre en VFR special. Quel soulagement une fois les roues posées… Après tous ces petits bonds de lapin, nous voilà enfin à notre premier night stop planifié ! Un membre de l’aéro-club du Roussillon nous attend sur le parking devant leurs bâtiments. Une fois l’avion bien sanglé, nous courons nous mettre à l’abri.
Le phare de Pollença, premier bâtiment que nous apercevons à l’approche de Majorque.
Sur place, nous sommes accueillis et logés par un membre de la famille de Bastien. Nous y passons une nuit supplémentaire, le temps de laisser passer tout ce mauvais temps, de préparer au calme la suite du vol et de prendre un peu de bon temps. Nous partons donc faire les touristes dans la région.
Le lendemain matin, je pense que nous n’avons jamais été aussi heureux de voir un ciel dépourvu de nuages ! Nous allons enfin pouvoir voir l’Espagne et l’île de Mallorque ! Décollage à 11 h 30 LT sur la piste 13, nous sommes d’abord autorisés à 6 000 ft avant de monter au FL100. L’approche de Barcelone nous propose d’effectuer notre traversée en direct vers Mallorque sans suivre le cheminement prévu dans le plan de vol. Le temps de vérifier que cela ne représente pas une trop grande distance au-dessus de l’eau (en réalité, 10 Nm de plus qu’à partir de notre point de traversée initial, soit 115 Nm) et nous acceptons. Quel bonheur de voir l’île de Mallorque grandir petit à petit à l’horizon ! A l’approche de la côte, nous devons descendre à 1 000 ft AMSL ou moins, espace aérien de classe A au-dessus de nos têtes oblige.
L’ile de Majorque grandit petit à petit dans l’horizon, jusque là entièrement bleu.
La cathédrale de Palma de Majorque.
Vers le continent africain
Nous procédons vers le point de cheminement Echo et ensuite direct sur notre terrain de destination, Son Bonet (LESB). L’«apron» est plein de petits avions ! Attention aux horaires pour refueler si vous vous y rendez un jour, ils sont assez particuliers… Sur place, nous n’avions rien prévu comme logement. Pour être honnête, nous nous sommes dit qu’avec l’incertitude au niveau des dates, à cause de la météo, ce serait un enfer de tout annuler et repousser à chaque fois, sans avoir la certitude d’obtenir une chambre à une date ultérieure dans le même hôtel. Fort heureusement, ce n’est pas ce qui manque sur cette île et dans toutes les gammes de prix ! Sur place, vous trouverez tout ce qu’il vous faut. Cependant, si vous n’avez pas de bonnes notions en espagnol, je vous conseille un petit traducteur, très peu de commerçants parlent l’anglais.
Le surlendemain, décollage pour Tanger (GMTT) ! L’excitation est à son comble, nous allons enfin entrer sur le continent africain ! Nous nous sommes arrêtés à Almeria pour refueler et pour les formalités de sortie d’Europe. Vous êtes peut-être déjà au courant, mais c’est assez particulier lorsqu’on se pose sur un aéroport international en Espagne… Nous avions choisi Almeria car les taxes y étaient annoncées comme n’étant pas trop élevées, nous pensions que c’était un bon choix… Que nenni ! Ils ajoutent tout un tas de suppléments à la facture pour les taxes d’atterrissage et le parking (météo, que nous n’avions pas demandée avant facturation, services pour personnes à mobilité réduite et j’en passe des vertes et des pas mûres), sans même parler de cette vaste blague qu’est le « handling » ! Cent euros pour… ? Nous cherchons encore à ce jour…
Attention, il faut contacter une de ces agences au minimum 3 heures à l’avance (numéros disponibles dans l’AIP). Les taxes et le parking quant à eux nous sont revenus à une cinquantaine d’euros. L’AIP espagnol est incomplet et manque de clarté en ce qui concerne les charges qui peuvent incomber aux équipages (nous nous attendions à une vingtaine d’euros après consultation de l’AIP). Nous gardons un souvenir amer de ce fuel stop. Sans oublier les agents de handling qui ont traîné, à un tel point que nous avons cru que notre EOBT + 30 min du plan de vol allait être dépassée, ce qui nous aurait contraints d’en redéposer un autre et d’attendre 24h sur place, étant donné qu’un plan de vol pour l’entrée au Maroc doit être déposé au moins 24h à l’avance.
Bref, méfiez-vous des aéroports espagnols… Je pense que l’AENA (office national des aéroports espagnols) ne porte pas l’aviation légère dans son cœur, situation observable ailleurs en Europe d’ailleurs, malheureusement.
Arrivée à LESB, la météo est enfin avec nous! Bastien est quant à lui heureux et fier du vol qu’il vient d’accomplir.
Arrivée à LESB, la météo est enfin avec nous! Bastien est quant à lui heureux et fier du vol qu’il vient d’accomplir.
Heureusement, ce stress et cet énervement laissent vite place à des images qui resteront gravées à jamais dans notre mémoire. Arrivés à hauteur de Gibraltar (LXGB), nous demandons au contrôleur s’il est possible de faire une low approach et à notre plus grand étonnement, ce dernier accepte directement ! Il nous est demandé de maintenir 500 ft AGL car la route traversant la piste est en usage.
C’était juste inoubliable ! Si vous passez dans le coin, n’ayez pas peur de demander, ça en vaut très largement la peine ! Mais attention aux turbulences causées par le rocher juste à côté quand même, elles peuvent être assez violentes, même par vent faible (voir VAC Jeppesen).
Imprévu au départ de Tanger
Après avoir quitté l’axe de la 27 par la gauche, nous montons à 3 000 ft et contactons directement l’approche de Tanger où nous sommes aussitôt autorisés en étape de base main droite pour la piste 28. La traversée du détroit est également magnifique, le fait de voir à la fois l’Europe et l’Afrique en volant si bas est quelque chose de spécial.
A Tanger, nous remettons directement du carburant dans l’espoir de pouvoir nous rendre à Casablanca – Tit Mellil (GMMT) immédiatement… Mais c’était sans compter sur mon ami à la tête ailleurs qui se baladait passeport périmé. Après négociation avec la Douane, il a pu obtenir un laisser-passer (numéro d’entrée au Maroc), mais ne me demandez pas par quel miracle…
Bref, après tout ça, il était trop tard pour redécoller (VFR de nuit interdit au Maroc), nous avons donc passé la nuit à Tanger (hôtel Ibis et Ibis Budget très proches de l’aéroport mais il faut prendre un taxi, forfait 100Dh, soit un peu moins de 10e). A noter qu’au Maroc, fait assez étrange, le carburant se paie dans la devise du pays dont provient l’avion et uniquement en liquide. Ceci dit, les dirhams ont toujours été acceptés pour nous, mais légalement, c’est comme ça, allez savoir pourquoi !
Le lendemain matin, notre brave chauffeur de taxi était là une heure à l’avance, nous n’avons même pas eu à le contacter pour lui demander de venir plus tôt, comme nous nous apprêtions à le faire ! Nous avons décollé vers 09 h 15 pour GMMT, via un cheminement VFR bien précis que nous avons dû respecter à la lettre, ils sont assez stricts à ce niveau, surtout qu’il y avait un NOTAM pour l’aéroport principal de Casablanca, Mohamed V, qui interdisait le survol de la ville, présence de sa majesté Mohamed VI en ville oblige.
L’Aéro Club Royal de Casablanca, une étape accueillante où l’on vous parle sans problème de la navigation VFR au Maroc.
Marrakech, ville splendide
Sur place, nous sommes accueillis par Yassine, le président de l’Aéro Club Royal de Casablanca qui nous a pris en charge jusqu’à l’hôtel. Un accueil inoubliable, n’hésitez pas de demander à le voir si vous venez jusque Tit Mellil un jour (via la page Facebook de l’aéro-club, il répond très rapidement), il peut d’ailleurs vous conseiller sur tout ce qui concerne la navigation VFR au Maroc, il en connaît un rayon !
Nous sommes un peu tristes de quitter Casablanca si tôt, après seulement une nuit sur place, mais il faut bien continuer le vol, les délais de réservation de la machine arrivent à terme le 30… Nous décollons en direction de Marrakech Ménara (GMMX), mais nous n’avons malheureusement pas pu suivre le cheminement VFR suivant la côte.
Nous sommes arrivés au niveau de la côte Atlantique à hauteur d’Essaouira après quoi nous avons pris un cap vers l’est. Essaouira est une ville qui vaut également le détour, pour l’avoir visitée lors d’un précédent voyage au Maroc. Très paisible, il y fait bien plus frais qu’à Marrakech. Seul bémol, l’aéroport est un peu loin de la médina, donc prendre en compte le temps du transport si vous souhaitez vous y arrêter. Voir le Haut Atlas des cieux est splendide !
Une fois posés à Marrakech, nous sommes un peu abattus par la chaleur étouffante qui règne et avons qu’une seule envie : nous mettre au frais ! On fonce directement vers le Riad que nous avions réservé le matin même et sommes agréablement surpris : très bien situé, climatisé et très bonne connexion Internet (indispensable pour narguer un peu les confrères pilotes restés au froid et à la pluie, en Belgique).
Le barrage d’Imfout, entre Marrakech et Casablanca.
Visite de la vallée de l’Ourika, au départ de Marrakech (en minibus cette fois).
Nul besoin de vous vendre la splendide ville de Marrakech, le déplacement en vaut largement la peine… Et l’ambiance qui y règne est tout simplement magique. C’est donc avec, de nouveau, beaucoup de peine que nous quittons Marrakech à destination de LFMP. Du moins, c’est ce que nous pensions le matin sans savoir que nous nous lancions dans la pire journée de notre voyage !
Le contrôle à Marrakech nous a fait attendre pas mal de temps au sol avant de nous autoriser à décoller. Pas évident pour nous, petits Européens du nord, dans ce petit cockpit qui fait effet de serre ! Le décollage se déroule sans encombre mais l’avion peine à monter malgré ses 180 ch, il fait chaud, très chaud. Après une heure de vol, l’approche de Mohamed V nous contacte pour nous dire que nous avons oublié quelque chose dans le bureau de navigation à Marrakech, je fouille partout et je m’aperçois qu’il s’agit de mon carnet de vol, avec ma licence dedans. A mon tour d’être tête en l’air ! Zut, pas de chance, obligés de faire demi-tour, déjà que notre timing était serré pour rejoindre Perpignan…
Arrivés sur place, étant donné que nous avions déjà brûlé plus de 2h de fuel, il a fallu refaire le plein. Fort heureusement, nous n’avons pas dû repayer les taxes d’atterrissage (qui, soit dit en passant, n’étaient quand même pas très élevées, nous n’avons pas payé plus de 5e dans tous les aéroports visités au Maroc). Une heure plus tard, nous voilà enfin prêts à redécoller !
Températures élevées
Le Soleil approche du zénith et la température devient vraiment étouffante, le contrôle nous a de nouveau fait attendre une bonne vingtaine de minutes avant de redécoller. Nous attendions moteur tournant, les yeux rivés sur les instruments moteur. Après le décollage, nous demandons – et sommes autorisés – au FL085, l’avion monte péniblement. Après 45 minutes de vol, je remarque que la pression d’huile est faible et la température anormalement élevée, ouille… Pas bon tout ça !
J’en avertis la fréquence avec qui nous étions encore en contact (approche de Marrakech), m’assurant que nous apparaissons bien au radar, juste au cas où… Nous sortons immédiatement le POH et vérifions que ces valeurs ne sont pas dangereuses pour la santé du moteur, coup de chance, il s’avère que ça ne nécessitait pas un atterrissage d’urgence ! Nous nous déroutons tout de même vers Tit Mellil où nous savons qu’il y a un service de maintenance.
A peine posés au sol, tous les pilotes qui nous avaient entendus raconter nos problèmes à la radio courent vers nous pour nous demander si tout va bien. Aussitôt, nous rentrons l’avion dans le hangar et le mécanicien, Omar, vérifie qu’il n’y a pas de fuite avant de diagnostiquer une simple surchauffe de l’huile (nous utilisons de l’indice 80, au lieu d’un indice 100, plus recommandée pour ce type de climat). Celle-ci était donc trop fluide, problème aggravé par ce temps d’attente au sol et cette montée jusqu’au FL085.
Bref, l’huile a chauffé de trop, ce qui empêchait la pression de monter d’avantage, entraînant un mauvais refroidissement de l’huile et donc du moteur. Si jamais cela devait vous arriver, tentez de faire une petite descente, moteur au ralenti. C’est ce que tout le monde nous a conseillé sur place et nous avons utilisé cette technique, avec succès, par la suite.
Avec tout ce temps que nous avons perdu, et le VFR de nuit interdit en Espagne, nous sommes donc restés bloqués à Tanger. Nous avitaillons l’avion dès notre arrivée afin d’être prêts plus rapidement le lendemain matin, et là, gros problème (oui, encore !). Impossible de retirer plus d’argent avec nos cartes de crédit et nos cartes Maestro sont bloquées hors Europe… Un conseil, prévoyez bien de débloquer vos cartes Maestro car les cartes de crédit sont visiblement limitées niveau retrait d’espèces dans les distributeurs (aux alentours de 600e). Après arrangement avec le contrôleur et l’agent du fuel, nous sommes autorisés à quitter l’aéroport. Le lendemain, Bastien contacte sa banque et parvient à faire débloquer sa carte Maestro. Ouf, sauvés !
Décollage à nouveau sans encombre sur la 28, face à la mer donc, direction Almeria (passage par un aéroport douanier obligatoire lors d’une entrée/sortie d’Europe). J’étais aux commandes pour ce leg et n’ai pas pu résister à l’envie de demander une petite approche sur Gibraltar… qui fut à nouveau directement acceptée ! Encore une fois, cet aéroport est splendide…
Les approches que nous avons faites là font définitivement partie des plus beaux souvenirs de ce vol. N’hésitez surtout pas à demander au contrôle quand quelque chose vous fait envie, au pire, que risquez-vous ? Qu’on vous dise non… et au mieux, que ce soit accepté ! Arrivés à Almeria, la tour nous annonce qu’il y a du brouillard de mer qui est en train d’envahir la piste, nous accélérons la descente, et là, j’ai eu droit à l’atterrissage le plus spectaculaire de toute ma courte expérience ! La moitié de la piste était recouverte par ce brouillard et nous nous sommes posés juste au seuil de la piste 25 pour ensuite rouler presque à l’aveuglette, très impressionnant, c’est le moins qu’on puisse dire !
Approche basse sur la célèbre piste de Gibraltar.
Retour vers la Belgique
Cette fois-ci, nous avions bien pris soin de contacter une agence de handling avant notre départ de Tanger… Et quelle agréable surprise de voir que nous avons été mille fois mieux servis que la fois précédente. Je vous conseille donc l’agence AGA si vous passez par-là, nous avons payé 90 e (contre plus de 150 e la fois précédente avec l’agence Menzies) et le service n’était en rien comparable, on est venu nous chercher à l’avion en camionnette, on nous a conduits partout où il fallait et ils ont tout fait pour qu’on parte à temps.
Nous décollons donc avec une bien meilleure opinion sur cet aéroport et les services qu’il offre en direction de Perpignan cette fois. Mais ça, c’était sans compter sur des CB qui nous ont fait barrage au nord de Valences (LEVC)… Nous nous posons donc à Castellon (LECN), superbe petit aérodrome le long de la côte. Nous arrimons l’avion et nous rendons vers la côte. A peine après 5 minutes de marche, nous voilà déjà devant un hôtel !
Castellon de la Plana est vraiment un chouette petit endroit, plein d’activités à faire dans le secteur et la nourriture y est bonne. Depuis notre hôtel, nous avons marché jusqu’au centre pour rejoindre un restaurant qu’un employé de l’hôtel nous avait conseillé et là encore, agréable surprise ! Essayez donc le Mediterraneo, vous ne serez pas déçus !
Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà partis pour Perpignan. La météo est superbe, quelques ondes orographiques proches de Perpignan et beaucoup de vent là-bas (rafales à 35 kt à l’atterrissage), mais sinon, tout va bien. Après avoir mangé un bout, vérifié la météo et réglé nos taxes d’atterrissage, nous décollons pour Vichy. La météo annonce des conditions se dégradant vers le sud-est de la France et s’améliorant au nord (pour une fois).
Nous montons au FL115 pour voler on top et ainsi éviter les turbulences causées par le Massif Central et son relief escarpé. Il y avait également moins de vent de face en altitude, donc raison de plus pour monter. En route vers Vichy, nous nous rappelons que ce dernier pouvait être fermé les week-ends… Bah oui, nous remontions un jour plus tard que prévu (samedi au lieu de vendredi), pas de chance. Arrivés là-bas, l’aéro-club était ouvert et a bien voulu nous prêter une carte Total pour faire le plein. Super accueil.
Après dépôt du plan de vol, nous voilà en route vers Charleroi… Afin de terminer ce vol en beauté, je décide de contacter des amis de Cerfontaine (EBCF), dont l’un est justement originaire de Tanger. Approche basse sur la piste 30 pour leur faire un petit coucou.
Une fois au sol à Charleroi, après 36 h 54 min de vol, nous sommes à la fois contents d’être parvenus à boucler tout ce voyage sans souci majeur, et tristes que ce soit déjà fini. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, hélas…
Courte finale sur la 25 à Almeria.
La même piste quelques jours plus tard, mais avec de la brume de mer en finale.
Une question de préparation…
Bien que tout le monde le sache déjà (du moins, je l’espère !), une bonne navigation commence par une bonne préparation. Veillez à bien vérifier l’AIP, en particulier pour les horaires de refueling, les moyens de payement disponibles, le type d’accommodation(s) disponible(s) (hangar, points d’ancrage) pour les avions et, particulièrement en Espagne, les délais pour contacter les agences de handling (et si vous poussez le vice, ça vaut aussi la peine de se renseigner sur les forums, etc. pour voir quelle agence est la moins chère). Tout ça permet de gagner du temps et de choisir plus judicieusement les endroits où l’on s’arrête. Et ne vous faites pas avoir comme nous si vous êtes restés bloqués pour raison météo ou autre et que, par conséquent, vous perdez un ou plusieurs jours : pensez à vérifier que le fuel soit toujours bien dispo !
En ce qui concerne les cartes de navigation VFR, Jeppesen ne fournit plus de version papier, ce n’est donc pas très évident de se procurer des cartes à jour. Pour l’Espagne, l’AENA fournit des cartes (d’ailleurs, si quelqu’un trouve comment se les procurer… Car même là-bas personne n’a pu nous dire où en trouver !). Pour le Maroc, elles sont téléchargeables sur ce lien : https://www.sia-aviation.gov.ma/ au 1/1000000 (petit conseil pour les utilisateurs d’Air Nav Pro, la carte gratuite d’Algérie comprend une bonne partie du Maroc avec un bon paquet des points de report VFR inclus… Sacré gain de temps !). Sinon, les cartes IGN de la France sont bien, j’ai juste trouvé dommage qu’il n’y avait pas la minimum grid altitude dessus, bien utile en cas de situation dégradée.
Sans surprise, le plus dur est la préparation… Arrive en seconde position, la prise de décision, savoir prendre la bonne décision au bon moment. Ne soyez jamais pressés, et ne vous mettez pas la pression pour rejoindre un aéroport bien précis dans un délai précis, profitez du voyage et évitez donc le stress inutile causé par cette pression qui peut vous forcer à prendre de mauvaises décisions.
Pensez aussi à vous rafraîchir un peu la mémoire sur vos cours de météo… Il est toujours bon de savoir identifier ce qui nous entoure et de savoir si, oui ou non, cela représente un risque, immédiat ou à venir.