Selon l’AFP et des représentants syndicaux, l’E-Fan serait abandonné, le constructeur préférant se recentrer sur un projet plus performant et plus opérationnel qui n’intéresse plus toute la population des pilotes privés et ceux en passe de devenir pro. On le sait, avec l’E-fan, Airbus visait à terme la fabrication d’un avion de transport régional de 100 places de motorisation hybride. Mais avant cette étape, le constructeur européen avait promis de fournir un avion-école vert, susceptible d’inonder les clubs et de ravir tous les riverains. Zéro émission, zéro bruit, le fantasme de tous les présidents de clubs et de comités régionaux aéronautiques (CRA) fédérant les clubs… Il n’est donc pas étonnant que tout le monde se soit engouffré dans le projet comme des banlieusards dans un RER aux heures de pointe. La FFA était en tête. On a tout lu et tout entendu : la formation de pilotes professionnels allait être simplifiée et surtout respecter notre environnement. Cette trainée verte allait s’étendre au monde entier. Et pour appuyer la démonstration, on a fait traverser la Manche à l’E-fan en empêchant l’Alpha Electro (déjà en production) de prendre la même route. L’E-fan devait être construit dans une usine à Pau ; Jean-Paul Brin, adjoint au maire de Pau attend toujours les premiers coups de pioche. Daher a été chargé, il y a plusieurs mois, de faire certifier l’E-fan. Plusieurs solutions techniques étaient en cours d’études. Et que dire d’Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, fièrement assis dans un prototype pas encore mort-né qui scande au monde entier que la révolution aérienne verte est en marche ? On a vendu un peu de la salade verte à tout le monde. En fait, il n’y avait bien que les politiques et quelques décideurs pour croire au projet… Les professionnels étaient nettement plus sceptiques. D’autant que la formule aérodynamique était loin de faire l’unanimité dans le milieu des concepteurs aéronautiques. L’orchestre est parti, les invités sont rentrés chez eux, on a éteint la lumière, la fête est finie. Sans Airbus, on se demande comment l’E-fan va bien pouvoir reprendre son vol.
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