Notre 26e Salon des Formations et Métiers Aéronautiques a fermé ses portes le dimanche 4 février au soir et notre petite équipe a poussé un grand ouf de soulagement lorsque notre 7740e jeune visiteur a franchi en sens inverse les portes du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.
Car c’est là que nous accueillons nos visiteurs à la recherche d’un avenir heureux, dans un lieu qui élève l’âme, avec autant d’effet que l’air du large sur le plaisancier ou le massif de la Vanoise sur le randonneur venant de la Tarentaise.
Car c’est peut-être la seule fois de l’année où, dans le brouhaha du Salon, les cockpits endormis à jamais s’ouvrent et les anciens qui les habitent encore sortent pour revivre leurs jeunes années avec nous, le temps d’un week-end heureux. Tous ceux qui rêvent d’aviation comme moi en témoignent, ils sentent par-dessus leurs épaules le poids du regard bienveillant que ces aînés, souvent héroïques, jettent sur nos jeunes hôtes, nos brillants conférenciers et nos exposants affairés, comme pour les remercier de les avoir tirés de leur léthargie, de se passionner pour leurs drôles de machines et d’avoir choisi comme eux l’aviation.
Je le sais, moi qui travaille au sein du magazine depuis plus de 40 ans, en contact avec ceux qui pilotent les avions, gèrent les aéroports, inventent, construisent, enseignent : l’aéronautique est une richesse fantastique ! Mais, de la même manière que les différents secteurs économiques connaissent des hauts et des bas, l’activité aéronautique n’est jamais épargnée par les crises. Il y a eu des époques moroses où les places à prendre étaient si peu nombreuses que nous ne pouvions que conseiller à nos lecteurs de s’acharner à être les meilleurs d’entre les meilleurs et d’avoir une foi à déplacer les montagnes !
Et puis, il y a les périodes particulièrement porteuses qui coïncident avec un contexte économique global favorable. Et là, pas besoin d’être le premier de la classe. C’est le cas en ce moment, avec une croissance du trafic mondial soutenue, entre 5 % et 6 % d’augmentation tous les ans. Absolument tous les secteurs de l’aéronautique en bénéficient et recrutent à tour de bras ceux qui ont suivi la formation adéquate.
C’est certainement pourquoi notre salon, pourtant le 26e que nous organisions, est soudainement devenu à la mode, nos confrères des medias de masse s’en sont emparés enfin et c’est ce qui explique la progression que nous avons connue en nombre de visiteurs : +27 %.
Cela n’a pas été sans difficulté car, plan VIGIPIRATE oblige, fouilles au corps et palpations quand les portiques de sécurité sonnaient ont provoqué le matin des files d’attente interminables. Ce qui n’a pas toujours été apprécié, tel ce proviseur d’un lycée de Saint-Étienne, venu par la route avec 50 élèves : « Se lever à 4 heures, faire 5 heures de car pour poireauter ensuite plus d’une heure sous la pluie ! C’est la troisième fois que je viens mais c’est la dernière ! ». Il a, heureusement pour notre moral, modéré son propos, reconnaissant que ce salon est unique tant par la forme que par le fond, nous demandant de plancher sur ce point noir. Nous lui avons promis que cela ne se reproduirait pas mais il va falloir se creuser la tête !
Heureusement, plein d’instants ont été magnifiques, tel ce post-adolescent venu au salon, accompagné de ses jeunes parents et d’une petite sœur rigolote : « Vous vous souvenez ? Je rêvais de devenir pilote d’hélico et vous m’aviez dit, si jamais cela ne marchait pas, de ne pas me décourager ? Voilà, il fallait que je vienne vous le dire, je suis maintenant mécanicien chez Air France ! » Ou cet autre jeune en uniforme aperçu sur le stand d’une école de pilotage britannique, dont le sourire m’a fait comprendre qu’on s’était déjà rencontré : « Je suis chez Ryanair aujourd’hui mais plus pour longtemps, je viens de réussir la sélection easyJet ! »
Des rencontres comme celles-là n’ont pas de prix et c’est pourquoi nous sommes certains que notre proviseur en colère sera au rendez-vous que nous lui fixons pour l’année prochaine : l’avenir de quelques-uns de ses élèves se jouera peut-être ce jour-là et nous serons fiers d’y participer !
Jacques Callies