On le pensait presque immortel tant on s’était habitué à le voir suivre et diriger la vie économique et industriel d’un fleuron français de l’aéronautique. Serge Dassault a quitté ce monde, dans son bureau parisien, emporté par une crise cardiaque. Où pouvait-on l’imaginer autrement que dans son bureau, lui qui a dirigé l’entreprise familiale entre 1986 à la suite du décès de Marcel Dassault et le mois d’avril 2000 où il a laisse sa place au fidèle parmi les fidèles Charles Edelstenne ? Les obsèques de Serge Dassault ont été célébrées vendredi 1er juin dans la cour des Invalides en présence du Premier ministre, des membres du gouvernement et de ce que la France compte comme personnalités de premier plan. C’est un grand capitaine d’industrie qui disparaît, salué pour sa pugnacité, son patriotisme et son attachement à la grandeur de la France, y compris par ceux qui ne partageaient pas ses options politiques. Serge Dassault est l’homme qui a fait entrer l’entreprise dans une forme de réalisme industriel, celle qui place le client au centre de la stratégique d’une firme. Son premier fait d’armes a été de vendre des Falcon aux USA, plaçant la marque et le savoir-faire Dassault dans la lumière, à une époque où l’aéronautique était dominée par les USA. Il a été l’artisan obstiné du développement du Mirage IV, le vecteur de l’arme nucléaire, et dont l’exploitation a duré des décennies. Ingénieur aéronautique, il a été présent à chaque nouvel appareil. On se souvient l’avoir vu plusieurs fois en combinaison de vol dans un Mirage 2000 ou un Rafale. Il ne manquait jamais un salon du Bourget ou même les résultats du groupe lors des conférences de presse. Charles Edelstenne l’avait décrit comme un travailleur acharné, courageux et obstiné. Il avait su restructurer les usines, lancer de nouveaux programmes et en même temps résister à la pression récurrente des politiques voulant faire main basse sur le groupe pour le fusionner avec l’Aérospatiale. Charles Edelstenne reprend la tête du groupe industriel Marcel Dassault, la holding qui détient l’essentiel des droits de vote de Dassault Aviation.
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