Cayenne est une île. Oléron aussi. La similitude s’arrête là. Si j’évoque la terre de la grande punition, de triste mémoire pour avoir accueilli des milliers de bagnards astreints aux travaux forcés, et avant cela les condamnés à la « guillotine sèche » de la révolution française, c’est parce que mes camarades de la rédaction avaient accueilli assez différemment mon projet de sortie aérienne, façon aéroclub. Alors que les Français, en déconfinement progressif COVID, étaient limités à des déplacements de 100 km à vol d’oiseau et que le monde aéronautique essayait de savoir si l’arc de grand cercle en question pouvait avoir comme point d’origine l’aérodrome et non le domicile du pilote, je tentais de faire bouger les lignes en organisant une sortie, façon aéroclub. Jean-Michel m’avait dit : « Ne le fais pas, nous nous devons d’être exemplaires à la rédaction ! » Pas faux. Emmanuel avait été plus encourageant : « Qu’est-ce que tu risques ? Une amende ? On ne va pas te déporter à Cayenne pour cela ! » Pilote, il supportait mal cette décision franco-française de clouer au sol sa flotte sine die, quelles qu’en soient les conséquences et, même si ce dernier n’a pas la mentalité rebelle, l’idée que je pousse le bouchon, pour voir, lui plaisait assez.
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