Que la Champagne est belle quand on la survole avec une météo flatteuse. Ses cépages, ses petites montagnes, ses alignements de pieds de vigne, et également, parfois, entre des champs, ses bandes gazonnées avec de minuscules balises de part et d’autre. Pas assez grandes pour y poser un Cessna, mais idéalement dimensionnées pour un ULM. Certaines sont assez pentues pour permettre à quelques pilotes de montagne de retrouver des sensations, sans se déplacer, en cas de confinement par exemple. Bien sûr, nous ne sommes pas vraiment en altitude ici, près de Reims Prunay, mais Bernard Maeterlinck apprécie cette nature généreuse et vallonnée. Je suis son hôte ce matin. Toute sa vie, Bernard a été un Mooniac, un fan de Mooney, par deux fois propriétaire, d’un M20J d’abord, puis d’un TLS. Il est IFR, pilote de montagne, élevé au Piper J3. On peut dire qu’il en a bien croqué. Mais il y a deux ans, c’est le choc. Il met les fesses dans un ULM, pas une évidence pour un pilote de « certifiés ». Et pas dans n’importe quel ULM, sans doute le plus typé, le moins docile, le plus exotique, celui qui fait de vous un aviateur si vous savez faire preuve d’un peu d’humilité : un Savage ! Bernard en a fait un compagnon de route même s’il le trahit parfois pour un Cirrus qui rend le vol facile. Trop. Bref, s’il change d’univers, c’est aussi pour revenir très vite au Savage : « S’il est piloté avec élégance, presque avec respect, il vous rend de la joie », voyez si Bernard est sur la route du Savagemaniac. La love story ne fait que commencer. Ce qui est intéressant ici, c’est que Bernard a presque tout connu de ce qui fait rêver le pilote lambda, l’avion rapide, les raids, l’IFR, mais c’est un aéronef rustique qui affole ses producteurs de dopamine. Alors il me fallait aller voir.
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