Dans n’importe quel hangar de n’importe quel aérodrome, il y a des avions, parfois plein d’avions, de superbes jouets pour adultes qui valent souvent des fortunes, mais, à y bien réfléchir, ce ne sont finalement que des assemblages de métal et de plastique, des choses inanimées, sans âme. Mais si jamais le propriétaire est dans les parages, me voilà intéressé, je veux tout savoir de son rapport à sa machine, comment il l’utilise, comment elle se comporte, ce qu’elle consomme, sa vitesse de croisière moyenne, quel plaisir il en tire… Simplement parce que j’ai le sentiment que nous appartenons à la même famille. S’engage alors un échange, un pilote est toujours intarissable et, alors, mieux vaut ne pas avoir de slot. Voilà où se trouve tout l’intérêt de l’avion privé : derrière lui, se cachent toujours des passionnés, qu’ils soient passagers, pilotes et propriétaires, c’est un trait d’union majuscule entre nous tous. J’aime Avignon parce qu’y réside, entre autres passionnés, Pierre Pelletier, pilote, mais aussi vendeur d’avions. C’est donc lui, le pape d’ATA by Pelletier, qui m’a signalé, au hasard d’une conversation téléphonique, la présence d’un joli Grumman Tiger dans le ciel avignonnais. Et alors ? : « Eh bien, l’avion a été complètement refait façon « better than new », modernisé avec une planche Garmin, il vaut vraiment un reportage. Je te fais les photos et tu n’auras plus qu’à venir nous voir ! » Il faut savoir que l’expression « better than new » a été utilisée en 1975 pour la première fois, du moins c’est ce dont je crois me souvenir, par Dennis Wolter, le patron d’Air Mod – une petite affaire artisanale située à Clermont County Airport, Batavia, Ohio –, pour qualifier les avions qui avaient été entièrement mis à nu, grattés, poncés, décâblés, démotorisés avant d’être rénovés et rééquipés à neuf. Ayant eu l’occasion de visiter son atelier et d’y avoir vu, notamment, un Piper Lance en attente de livraison, je peux témoigner d’une finition remarquable, le résultat dépassant de loin les standards du constructeur en question, en plus pour un prix final deux ou trois fois moins élevé. Bien sûr, ce Piper Lance restait un « vieil » avion, sorti du catalogue depuis des années, il avait aussi gardé ses milliers d’heures cellule, mais où était le risque financier puisque le Lance n’était plus fabriqué et son équivalent hors de portée ?
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