Le projet de taxation sur les billets d’avion continue de faire l’unanimité contre lui. C’est maintenant au tour du SNPL d’envisager un rassemblement le 14 novembre, place Édouard Herriot pour protester contre la volonté du gouvernent Barnier d’accroître la part de la TSBA. Il ne devrait pas être seul dans ce combat puisque le syndicat des pilotes s’est associé à une intersyndicale composée de L’UNSA transport, l’UNSA PNC, la CFE-CGC FNEMA, l’UNAC, le SNPNC-FO et la FEETS-FO.
Le syndicat de pilotes rappelle lui aussi que cette taxe élaborée, avant l’arrivée du ministre Durovray, a été conçue par Bercy sans qu’une consultation des acteurs du secteur n’ait eu lieu, ni même la réalisation d’une étude d’impacts pour analyser les conséquences économiques et sociales de cette mesure. Le syndicat et les autres organisations syndicales du secteur aérien ont demandé au gouvernement le retrait d’une telle mesure qu’il juge « catastrophique pour le secteur aérien français. » Comme les autres opposants au projet de taxe, le syndicat de pilote regrette que cette « ponction supplémentaire » ait pour seul motif le renflouement du budget de l’Etat, sans même écouter les principaux acteurs du secteur. Alors que les compagnies sortent péniblement de la période COVID-19, le syndicat considère que « cette imposition supplémentaire entraînera à terme des dizaines de milliers de suppressions d’emplois en France. »
u-delà, cela affaiblira les opérateurs français face à la concurrence et aura un impact sur l’activité touristique du secteur. Le 24 octobre, une intersyndicale du groupe d’Air France avait estimé que « l’indispensable décarbonation de notre industrie passe par des investissements colossaux que ce soit pour incorporer du SAF (Sustainable Aviation Fuel) dans nos avions ou pour renouveler la flotte, et ces objectifs pourraient être remis en cause par cette taxe. » Il est à craindre que les compagnies et les entreprises mises sous pression se retournent sans aucun doute vers leurs salariés, mettant ainsi en danger la quantité, la localisation et la qualité de nos emplois. Les plus avertis noteront que dans le rassemblement du SNPL la CFDT et la CGRT ne sont pas associées alors qu’ils l’étaient dans l’intersyndical. Sans doute faut-il y voir une forme de défiance de ces deux syndicats surtout quand le SNPL part des emplois de l’aérien alors que la CGT constate son absence d’implication dans la défense des salariés dans d’autres circonstances.
À cette position du SNPL, il faudra aussi ajouter la position du GIFAS qui exprime sa solidarité avec le secteur aérien sachant que « l’aéronautique doit être soutenue et non accablée de taxes supplémentaires pour continuer à soutenir des pans entiers de l’économie française. » D’autant que l’aéronautique est, selon le GIFAS, l’un des (trop rares) champions industriels français à l’export. « Avec plus de 30 milliards d’euros d’excédents en 2023, elle tient la première place devant les parfums et cosmétiques (16,7 milliards) et les boissons (15,4 milliards) tandis que la France accuse un déficit de 100 milliards. » Le secteur est engagé à la fois dans une recherche de moyens de transport plus efficients émettant moins de CO2 et dans l’incitation des grands énergéticiens à produire plus de SAF.
Le patron d’easyJet France monte aussi au créneau sur les réseaux : « Toute hausse de taxe aura un impact sur les voyages des Français : pour une hausse des taxes sur le prix des billets entre 10 et 15 euros, 76 % des voyageurs affirment que cela aura un impact sur leurs vacances, 24 % sur la vie sociale et familiale et 10 % sur leur vie professionnelle. » Il ajoute qu’une hausse de la fiscalité sur les billets se traduirait concrètement par moins de destinations depuis les aéroports régionaux français et moins de revenus pour le tourisme local (hôtels, restaurants) du fait d’une baisse du nombre de touristes qui favoriseront d’autres destinations moins chères. Ce raisonnement est partagé par 57 % des Français qui pensent que la hausse de la taxe sur les billets d’avion va faire perdre des touristes à la France.
Par ailleurs, un préavis de grève a également été lancé au national par le SNPL national et confirmé par un certain nombre de médias, mais curieusement, il n’est pas mentionné sur le site du syndicat. En fait, il semblerait que la décision ait été prise au national sans l’avis des présidents de bureau des compagnies qui, d’ailleurs, ne l’ont pas relayé. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’elle soit très suivie : le syndicat comptera à la dernière minute les potentiels grévistes pour la maintenir. Côté compagnie, on ne comprend pas pourquoi on lance un mouvement, Ben Smith, le directeur général d’Air France faisant preuve d’une grande mansuétude à l’égard des pilotes…