Eenuee, c’est inouï… Allez, on le voit, le nom de la star-up n’a pas été choisi au hasard. Le nom d’une marque a toujours eu son importance. Finalement, il colle bien au projet d’hydravion amphibie tout électrique en forme d’aile volante qui a de quoi surprendre quand on songe à l’architecture classique pour un avion régional. Car cet appareil amphibie qui devrait emporter 19 passagers a pour vocation « de désenclaver les zones isolées en soutenant les micro-économies locales et, au passage, en proposant un tourisme responsable permettant d’accéder à des sites naturels protégés. » Il s’agit donc d’une aile volante propulsée par deux moteurs électriques, montés sur pylônes à l’arrière, façon aéroglisseur. Aucune arrête vive concernant la cellule, cet aéronef à un design tout à fait novateur et fluide.
Les 19 passagers qui fréquenteront cet avion auront certainement une vision particulière de leur voyage avec de grandes baies vitrées sur l’extérieur. Cette aile est d’abord un appareil amphibie capable de se poser sur l’eau, mais aussi sur une piste classique. Cela ne vous rappelle rien ? Il a existé un ULM capable se poser sur la neige, l’eau et la terre : l’Akoya. Pas de surprise, c’est le même concepteur qui est aujourd’hui à l’initiative d’Eenuee : Érick herzberger. Il a fondé cette start-up en 2019 à Saint-Étienne ; à l’époque l’Akoya était encore un projet dans lequel on croyait encore. Avec eenuee, le concepteur entend réinventer la mobilité pour la rendre la plus accessible, efficace et écologique entre les villes du futur. L’aérodynamique et le choix d’une motorisation électrique concourent, selon les concepteurs, à diviser la consommation par 11, cela par rapport aux avions du marché de même taille. Ils sont ambitieux puisqu’ils s’appuient sur « un potentiel aquatique » très inexploité : 8000 km de cours d’eau navigables, 5000 km de littoral, 240 plans d’eau adaptés à l’hydravion et 40 % des grands lacs…
L’appareil fonctionne en s’appuyant sur la technologie des hydrofoils. Avec la batterie, les dirigeants comptent sur une autonomie de 500 km. Ils vantent également la simplicité d’exploitation s’affranchissant d’infrastructures spécifiques. Sur le papier, le, projet paraît séduisant. Il subsiste pas mal d’aspects du projet dont la présentation ne parle pas. Qui dit transport public, dit certification (même en CS23 pour 19 places) plus poussée avec une probabilité de pannes exigée beaucoup plus faible par rapport à l’aviation légère. Le projet parle de liaison intervilles pour relancer l’aviation régionale. Reste qu’en France, pour lancer une ligne, c’est assez compliqué. Il faut une compagnie de lancement disposant d’un CTA et surtout des passagers. Les lignes avec du flux de pax sont déjà en partie exploitées. Il faut également que le public accepte de monter dans un avion à propulsion électrique, une solution qui n’existe pas encore et de surcroît, utilisant des hélices. Ils seront aussi surpris par le design particulier de cet « eenuee ».
Quand on voit la préférence des passagers pour les jets par rapport aux ATR (à cause des hélices), il va falloir un authentique pouvoir de conviction des concepteurs en s’adressant aux compagnies aériennes. Rien d’impossible, mais tout cela demandera une sacrée dose d’énergie.