On peut dire que c’est un beau succès : l’École nationale de l’aviation civile vient de choisir le biplace français Elixir comme avion-école. Au-delà du signe de confiance de la première école de France, c’est pour l’ENAC un changement significatif dans le parcours de formation. En effet, outre le Velis qui a été évalué un temps, le début de la formation s’effectuait sur TB10, un quadriplace efficace, mais coûteux surtout pour l’école de début. Moteur américain, conception ancienne et un tarif prohibitif pour les pièces détachées sans parler de la nécessaire décarbonation que l’école doit engager dans son exploitation. L’ENAC s’est donc tournée vers le marché des avions-écoles légers équipés de Rotax. Plusieurs modèles étaient en lice, mais les responsables ont choisi l’Elixir pour sa technologie de pièces monoblocs dont l’aile, ce qui permet une réduction du nombre de pièces à fabriquer, les dirigeants en attendent une diminution des coûts de maintenance. L’emploi d’un moteur Rotax permet également de réduire les émissions en réduisant la consommation.
Mais ce sont les qualités de vol qui ont achevé de convaincre les dirigeants de l’école de choisir l’avion rochelais. « C’est un avion très démonstratif concernant deux points qui nous intéressent particulièrement : le comportement en vol et sa stabilité qui permet de bien utiliser la méthode des pré-affichages d’assiette. Nous avons été bluffés par ses qualités de vol, il a un vecteur vitesse intéressant qui permet d’avoir une bonne charge de travail dans l’avion, ce qui présente un réel intérêt pédagogique. Si vous ajoutez à cela des coûts d’exploitation moins élevés, c’est un avion idéal pour nous », explique Thierry de Basquiat, le directeur de l’ENAC.
Il va également changer la façon d’instruire au sein de l’école : c’est un biplace, alors que dans les phases du pilotage de base, les vols s’effectuaient toujours à trois ; deux élèves et un instructeur. Le premier était en instruction, le second élève était derrière et s’imprégnait des approches, des gestes et de la méthode déployée par l’instructeur avec le premier élève. Lors du vol retour, les deux élèves changeaient de place. Aujourd’hui, tout cela est terminé et l’ENAC a revu son cursus pour s’adapter à la configuration du biplace. Les autres outils pédagogiques déployés par L’ENAC, notamment la vision élargie, vont largement compenser ce passage sur biplace, d’ailleurs, les militaires forment sur ce type d’appareils depuis des années.
L’Elixir va donc remplacer deux appareils, le TB10 et le TB20 pour les vols IFR. On sait que la version vol aux instruments de l’avion biplace est en cours de certification. Par ailleurs, il est évident que l’origine française de l’Elixir a également joué en sa faveur. Et le constructeur, Elixir Aircraft s’est engagé sur un rythme de livraison très soutenu : 2 en 2026 et 28 en 2027, ce qui impose un sacré déploiement de moyens de production. Pour l’heure, la version équipée de la turbine Turbotech n’intéresse pas l’ENAC dans l’immédiat, certainement par le fait qu’elle ne soit pas certifiée. Mais la possibilité d’être polycarburant et, donc, susceptible de diminuer l’empreinte carbone de l’école sera très certainement un argument de poids dans l’avenir. Au-delà de l’Elixir, l’ENAC a également choisi Diamond et ses DA42 NG pour remplacer les vieux Barons.