Xavier Béchereau, pilote, contrôleur aérien et rédacteur pour le magazine, est allé visiter le nouveau hall du musée de l’Air et de l’Espace consacré au contrôle aérien et à la navigation aérienne, alors qu’il arpentait les allées du Salon du Bourget 2025 (à lire dans notre numéro d’août 2025).
Pour s’abriter de la fureur et de la fournaise du salon du Bourget, rien de mieux que de faire une petite halte dans le musée de l’Air et de l’Espace Paris-Le Bourget, que l’on découvre exceptionnellement calme pendant cette période. La flânerie est permise, je me hâte lentement pour redécouvrir les pièces de collection qui s’y trouvent. Cette fois-ci, j’ai eu vent, grâce à notre rédac chef favorite, de l’ouverture d’un nouveau hall dédié au contrôle et à la navigation aérienne. Étant pilote IFR de passion et contrôleur aérien de métier, je m’aventure depuis le centre de la salle des Huit colonnes vers la tour de contrôle, prêt à en savoir plus sur mon métier.
Après quelques marches, on pénètre dans une salle qui ceinture la tour de contrôle. Elle devait autrefois servir de bureaux pour les services de la navigation aérienne : bureau du chef de circulation aérienne, bureau de conception des procédures d’arrivées/départs et des moyens techniques… Certes, c’est de la spéculation, mais la vue sur le tarmac et les avions depuis ce bâtiment de près de 90 ans, est saisissante.
Chers collègues pilotes, nous sommes des privilégiés avec nos écrans tactiles et la navigation GPS. La première salle nous plonge dans un temps où les avions se pilotaient à cinq humains : pilote et copilote, mais aussi l’ingénieur de vol, le navigateur et le radio. Évidemment, sont présentés des cockpits sans T basique, mais aussi des instruments de l’époque de Mermoz. On découvre notamment un contrôleur de vol de marque Badin : « Ah, mais oui, bien sûr ! C’est donc ça, le badin dans « Badin actif » au décollage ! » Ou encore un cinémo-dérivomètre – « Jamais entendu parler » –, l’ancêtre du triangle rose de Garmin sur nos HSI ! On peut aussi découvrir les notes de navigation de Coste et Bellonte lors de la traversée de l’Atlantique Nord, le fonctionnement des centrales à inertie mécaniques… Certains jeux sont pensés pour les plus jeunes ou grands enfants comme un atelier de code morse où il faut répondre en morse en appuyant sur un bouton ; de quoi se prendre pour le télégraphiste dans « Le fil qui chante » avec Lucky Luke.

Côté contrôle aérien, je découvre avec plaisir des séquences vidéo d’images radar du centre de contrôle de Reims où je travaille, des images issues du dernier système, 4-FLIGHT, en service depuis 3 ans chez nous. Quelques photos aussi de collègues que je reconnais. Il est très difficile d’expliquer ce que nous faisons à un public curieux, mais méconnaissant l’espace aérien. Le contrôle aérien est très virtuel. Nous traçons un réseau de route avec des sens interdits, des limites d’espace dans un ciel où il n’existe aucune frontière visible. Cependant, l’exposition y parvient très bien avec de très bonnes maquettes du ciel. On peut découvrir nos outils, récents ou anciens : la phraséologie à la radio, les strips, ces petites bandes de papier avec lesquelles j’ai travaillé pendant 13 ans.
Je ne peux en dire plus sans vous priver du plaisir de la découverte. Je recommande donc vivement cette visite, notamment avant de monter dans le Concorde et le 747 du musée pour comprendre la vue du poste de pilotage.