Devinez donc quel est l’événement d’aviation générale qui a fait la une des médias en ce début d’été ?
Si vous êtes en vacances, loin de votre smartphone, sachez que c’est l’atterrissage d’Ethan Guo à Teniente Rodolpho Marsh Martin (SCRM), en Antarctique.
Ce jeune influenceur aux 700 heures de vol – mais au 1,3 million de followers sur Instagram – a eu le culot de transformer un vol local en Cessna 182, à savoir le survol de Punta Arena depuis l’aérodrome de Carlos Ibanez del Campo Airport (SCCI), en un survol maritime vers l’Antarctique, sans en informer qui que ce soit, violant ainsi le « Code aéronautique, mais aussi de nombreuses réglementations nationales et internationales concernant les routes vers l’Antarctique et l’accès au continent blanc », selon le procureur régional de l’Antarctique chilien.
Ce Mathias Rust de l’Antarctique méritera ce qui va, probablement, lui arriver, mais rien ne saura compenser les dégâts apportés à l’image de notre aviation générale, à l’image vertueuse des pilotes qui respectent les règles, et Dieu sait qu’il y en a bien trop, et que c’est un casse-tête que de les respecter toutes !
Or ce sont plutôt les GA Days, ces journées de l’aviation générale qui se sont tenus à Egelsbach les 25 et 26 juin derniers entre acteurs, parlementaires européens et administrations nationales et européenne, qui auraient dû faire la manchette des journaux européens.
Organisés par l’IAOPA Europe en collaboration avec le GAMA, à Egelsbach, l’équivalent de Toussus-le-Noble, juste à côté de Frankfurt, en Allemagne, ils ont réuni les acteurs majeurs de notre aviation que sont Cirrus, Dassault, Daher, Textron Aviation, Bell, Diamond, Elixir, etc., des représentants des élus européens, des DGAC européennes – dont Karine Gay de la DGAC – et de l’EASA, pour discuter des défis actuels et des opportunités futures du secteur.
Emmanuel Davidson y était comme président de l’AOPA France et, depuis là-bas, il m’a informé régulièrement, me tenant des discours enflammés. J’ai essayé de modérer son enthousiasme, ayant moi-même été reçu à Bruxelles par des députés charmants, mais désespérants du fait de leur méconnaissance des dossiers nous concernant, de leur abyssale inculture sur les sujets abordés et de leur frivolité.
Mais je dois reconnaître que ces deux journées de rencontres ont connu un succès réel.
L’objectif principal de ces GA Days a été de créer une plateforme de dialogue entre les différents acteurs de l’aviation générale, y compris les fabricants, l’agence européenne EASA qui régit les aspects réglementaires, les opérateurs, les pilotes et les décideurs politiques. Les thèmes abordés au cours de plusieurs sessions plénières et ateliers interactifs ont traité des développements réglementaires en cours, des difficultés rencontrées par les industriels et les pilotes au niveau réglementation, certification, licences, difficultés de recrutement des mécaniciens, normes médicales, des normes de sécurité dans l’aviation générale – études de cas sur des incidents récents et les leçons tirées – et des innovations technologiques – l’aviation électrique et les systèmes de gestion de vol avancés – et leur impact sur l’industrie.
On comprend que la tâche est immense et qu’il reste tout à faire. Mais les contacts noués, les discussions entamées et les alertes lancées sont bien réels et devraient permettre de nous engager sur le chemin de la résolution de certains dossiers d’actualité. D’autant plus que les opportunités de réseautage, de contacts, de discuter de collaborations potentielles, sont nécessaires si l’on veut aborder ensemble les défis à venir.
Cerise sur le gateau, les parlementaires et fonctionnaires ont pu vraiment toucher du doigt l’aviation générale, invités pendant ces deux jours à voler sur les avions des constructeurs présents. Et ils ne s’en sont pas privés, comme l’a écrit Elixir sur son Facebook : « Over two days, we had the opportunity to connect, fly and share the Elixir experience with many key players in the general aviation ecosystem. With 3 Elixir flying, we completed 49 flights and welcomed on board numerous aviation professionals and representatives from EASA and the European Commission. »
Souhaitons simplement que ces enfants gâtés du système que sont les élus aient compris que c’est l’argent qui fait voler les avions et qu’il s’agissait, non pas de baptêmes de l’air gratuits, mais d’un investissement en vue d’un futur meilleur pour notre aviation.
Qui sait, peut-être qu’on finira par y arriver !
Jacques CALLIES