Un crash aérien a été évité de justesse en septembre sur l’aéroport de Nice. L’affaire avait fait grand bruit le 21 septembre quand deux Airbus A320 avaient failli rentrer en collision sur la plateforme de Nice aux alentours de 21 heures. Un avion de la compagnie tunisienne Nouvelair s’est trompé de piste et, lors de son atterrissage, l’appareil a survolé à moins de 4 mètres un Airbus de la compagnie easyJet au point d’attente pour décoller sur la même piste. L’équipage tunisien a aussitôt remis les gaz sur injonction des contrôleurs. Il s’est reposé quelques minutes plus tard, tandis que l’équipage de l’avion d’easyJet était revenu à son point de parking, les pilotes se sentant incapables de poursuivre leur vol.
Le Bureau Enquête Analyse (BEA) vient de publier un rapport préliminaire sur cet incident grave qui aurait pu faire quelques centaines de morts. Toutefois, il s’agit bien d’un rapport préliminaire qui reste très factuel et donc qui ne pointe aucune responsabilité. Il y a encore beaucoup de questions dont il faut trouver la réponse.
Ce dimanche 21 septembre, l’Airbus de Nouvelair a décollé de Tunis vers 20 h 50 à destination de Nice avec 176 passagers à bord, les deux pilotes sont expérimentés, 15 180 heures de vol pour le captain et 4 250 pour le copilote. Vers 21 h 19, l’équipage avait pris les informations de l’ATIS indiquant un posé en piste 04 l (pour left), celle qui est dédiée aux atterrissages, la seconde piste, la 04R, dans cet axe de posé est affectée aux décollages.
Deux minutes plus tard, l’équipage tunisien confirme son intention de se poser en 04L. Au sol, le contrôleur autorise l’équipage easyJet à rouler pour traverser la piste 04L afin de rejoindre la 04R de l’autre côté. Il s’agit d’un vol Nice/Nantes avec 170 passagers à bord, le commandant de bord est lui aussi expérimenté : 16000 heures de vol, le copi un peu moins, environ 4500 heures de vol.
À 21h30, l’équipage tunisien est autorisé à se poser en 04 L, tandis que l’autre est autorisé à s’aligner en 04R. Contre toute attente, à 21 h 31 et 56 secondes, le TS-INP (Nouvelair) s’aligne sur la piste 04R. Son taux de descente est de 1100 ft/min. Le easyJet amorce son virage pour s’aligner quand l’un des deux pilotes aperçoit le « Nouvel Air » et il s’étonne de sa trajectoire. Deux alertes d’intrusion de piste (système A-SMGCS) retentissent.
Une minute plus tard, le TS-INP survole le easyJet avec seulement à environ 10ft de plus, cette valeur augmente ensuite assez vite (24 ft). Les contrôleurs demandent aussitôt l’interruption et ordonnent une remise de gaz immédiate. Le TS-INP se repose 10 minutes plus tard, l’équipage de «l’easyJet» demande de retourner au parking.
Bref, c’est clairement une erreur de pilotage qui est à l’origine de ce fait grave. Le rapport ne mentionne pas encore les raisons de ce changement d’attitude. Pourquoi cette confusion entre les deux pistes ? Problème météo ? Problème de différence d’éclairage : le rapport mentionne que le balisage à droite est plus lumineux… Les contrôleurs n’avaient-ils pas les moyens de détecter la trajectoire du « Nouvelair » ? Quelles ont été les réactions des deux équipages dans les cockpits ? Il y a encore bien des données à recueillir et exploiter. La suite des investigations du BEA portera également sur l’étude des systèmes de balisage…
Reste que cette erreur surprend totalement les observateurs dans la mesure où, faute de conditions particulières d’exploitation, l’usage des pistes est clairement identifié : la droite pour le décollage et la gauche pour l’atterrissage. Cette information est censée être connue des équipages qui fréquentent la plateforme.