L’évolution récente du transport aérien français montre des signes contrastés. Il a plutôt bien résisté après la période COVID avec une reprise qui a étonné le milieu. En 2024, le trafic a été de 178 millions de passagers, soit légèrement moins bon que… 2019. Autant dire que le retour à la normale est quasiment acté avec 98,2 % du trafic avant pandémie, ce qui est d’ailleurs conforme à toutes les prévisions de l’époque. Toutefois, en 2024, le trafic européen augmenté de 7,4 % quand le chiffre français n’est que 2 %, c’est la croissance la plus faible en Europe. Malgré cela, selon les données de la Fédération nationale de l’avion et de ses métiers, le trafic français sur le premier trimestre est de 37,4 millions de passagers soit une hausse de 4,7 % par rapport à 2024, il parait un peu tôt donc pour mesurer ici l’impact de la hausse de taxe sur les billets d’avion (TSBA).
Malgré ces chiffres optimistes, les pros de l’aérien expliquent que la croissance du trafic aérien français est une des faibles d’Europe, notamment à côté de ses voisins européens : Italie, Espagne et Portugal qui surfent sur des croissances à deux chiffres. Second signe qui parait inquiétant pour ces pros : la baisse de l’offre de sièges qui est prévue pour cet été, là, il semble que la TSBA va contraindre les compagnies à revoir leurs offres. Bref, les professionnels s’inquiètent et ne manquent pas de rappeler que le produit de l’ensemble des taxes se monte à 4 milliards d’euros par an pour un chiffre d’affaires des compagnies de 18 milliards… Pas moins de sept taxes touchent le transport aérien, à cela, il faut ajouter les contributions des compagnies pour une aviation durable. Ces mêmes professionnels ont même avancé un chiffrage des impacts de ces taxes sur le transport aérien en 2025 : une baisse de trafic possible de 2,77% et une perte d’emploi possible de près de 16 000 emplois.
Ces mêmes pros continuent de réclamer une stratégie dédiée au transport aérien : prise en compte des conditions de concurrence au plan international, accompagnement de la transition écologique (fléchage des taxes vers la décarbonation), stabilité fiscale, etc. Les professionnels s’inquiètent, s’alarment, réclament, les hommes politiques passent, prennent des décisions qui pénalisent le secteur, sans rien écouter des arguments des pros. Et sans étude d’impact ! Même le ministre des Transports a reconnu un impact de la TSBA sur le tourisme. Et cela dure comme cela depuis plus de 20 ans.