Le premier coup de crayon date d’il y a 25 ans. Et il y a un mois, le NIJAL a pris l’air. C’est un ULM racé, à l’aérodynamique soignée et efficace, disposant d’un moteur Rotax de 100 ch qui lui donne une croisière rapide à 220-230 km/h. Son concepteur est un homme peu connu du grand public, mais que les professionnels de la construction connaissent bien, notamment Airbus, les hommes d’Elixir Aircraft ou encore ceux d’Aura Aero : Bernard Stervinou. Breton de son état, et, surtout depuis des décennies, professeur de matériaux composites à Brest. Le NIJAl est un peu comme un ULM éprouvette qui a été un sujet d’études et d’expérimentation pour ses élèves durant toutes ces années. Ce projet avait également pour ambition de mettre au point des techniques de construction novatrice comme l’inclusion de résine, une sorte de procédé « one Shot ». Bernard Stervinou a pu, grâce à ses recherches, fédérer un certain nombre d’industriels pour utiliser cette technique dans la fabrication de pièces d’Airbus…
Pour réaliser le NIJAL, Bernard Stervinou s’est entouré d’expert notamment pour le dessin de l’appareil. Il a soigné la vision du pilote, l’œil voit parfaitement le cône d’hélice, même au sol. Ensuite, la plupart des pièces ont été réalisées en une seule fois (donc, c’est un peu du one Shot…) : le fuselage, les gouvernes, le dessus de l’appareil, toute la partie avant… Il est d’ailleurs le seul fuselage français à avoir été fabriqué selon ce procédé. Il était au départ prévu en version avion, mais la crainte de la perte de son aptitude médicale a conduit Bernard à s’orienter vers l’ULM. Il a piloté durant des années un long Eze, biplace en composite de construction amateur. Ce choix de l’ultraléger l’a conduit à modifier les gouvernes et l’installation de volets à doubles fentes pour respecter la vitesse de décrochage des ULM
L’exploration du domaine de vol du NIJAL a été confiée à un pilote Ulm qui connaît bien le Rotax et les ultralégers : Laurent Plassard. Ce dernier a d’ailleurs été surpris des première » qualités de vol de l’appareil : commandes homogènes et pas de vibration. Il reste encore pas mal de choses à vérifier, c’est Bernard qui a, d’ailleurs, établi le programme des vols. Aujourd’hui, c’est bien sûr un appareil de construction amateure, mais qui pourrait être industrialisé si des passionnés voulaient se lancer. Il a été conçu pour cela, Bernard a tout calculé pour optimiser la production de série avec des coûts acceptables pour le type de procédé choisi. Lui ne souhaite pas se lancer dans une industrialisation, mais pour des passionnés disposant d’un peu de moyens, il y a de quoi inscrire son nom à la postérité. Ce serait alors un ULM composite fabriqué en France, sachant que bon nombre appareils ULM du marché sont fabriqués à l’Est. Un bon projet pour France 2030…