Le constructeur Elixir Aircraft vient de parachever une ultime levée de fonds de 13 millions d’euros afin de se lancer activement dans la production de son avion, l’Elixir, conçu et fabriqué à La Rochelle (17). Cette somme d’ajoute à celles déjà obtenues en 2020 (plan France 2030) et lors de la dernière édition du salon du Bourget soit, en tout, une quarantaine de millions d’euros. Cette somme provient du financement d’investisseurs privés et publics ; elle permettra de construire une usine de 15 000 m2 qui regroupera l’ensemble des équipes, de la conception à la construction. Les dirigeants visent un rythme de 400 avions produits par an à l’horizon 2030 avec un staff qui avoisinerait les 500 employés. À ce jour, 19 exemplaires ont été livrés ; on peut citer parmi ses clients les plus connus Airbus Flight Academy ou encore Mermoz Academy, en France. 200 autres livraisons sont programmées sur le continent américain, la certification FAA est en en cours. Cette grande usine et le rythme de production devraient permettre également de soutenir la centaine de sous-traitants embarqués dans l’aventure Elixir.
Parmi les trois investisseurs, on compte d’abord Innovacom, créée en 1998 par Jérôme Faul et qui a déjà soutenu 300 start-ups. Pour le dirigeant, il faut une innovation de rupture et un leader en aviation générale et Elixir Aircraft paraît être, pour lui, le meilleur candidat. La BPI a également investi dans le financement de l’entreprise au travers de son fonds « amorçage industriel » alimenté par une cinquantaine de millions d’euros. La somme exacte allouée, qui n’a pas été révélée, servira à l’implantation du constructeur aux USA. La région Nouvelle-Aquitaine soutient également le projet comme étant une brique importante de l’aviation décarbonée « avec un appareil qui pourra, demain, utiliser des carburants durables, voire de l’hydrogène ». Une personnalité connue du milieu rejoint le conseil d’administration : Stéphane Meyer qui a dirigé Daher, ATR et plus récemment Nexter. Il devrait apporter son expérience et son réseau à Elixir Aircraft.
L’utilisation du moteur Rotax en aviation générale est une magnifique opportunité de faire baisser les consommations – et donc les émissions – par rapport aux vieux moteurs américains. Arthur Léopold Léger, le fondateur, estime pour son avion une consommation à 9 litres de carburant sans plomb, une vraie avancée. L’aérodynamique des appareils contribue également à cette frugalité, tout comme leur poids. Sur ce point, le composite utilisé par Elixir Aircraft paraît adapté à cet objectif.Concernant l’utilisation d’une turbine sur un Elixir, l’échéance est plutôt au-delà de 5 ans, d’abord avec du carburant d’aviation durable, puis, bien plus tard, avec de l’hydrogène. Ce calendrier ne tient pas compte du déploiement des deux carburants sur les terrains : le SAF sera très fortement demandé par les compagnies aériennes, quant à l’hydrogène, le délai risque d’être encore plus long…
Les dirigeants d’Elixir Aircraft ont également mis en avant la conception simplifiée de leur fabrication : une dizaine de pièces contre un vrai mécano géant pour la concurrence, sans parler de la corrosion qui menace les avions en métal ; ils estiment que les avions de ces anciennes générations à remplacer seront environ 160 000 appareils dans le monde. Bref, un marché intéressant. Dernier argument mis en avant : la demande en pilotes de l’ordre de 600 000 en 2040 et il faudra donc des avions pour les former, sachant, toutefois, que le tissu des écoles est déjà très largement sous-dimensionné pour ces besoins. L’étape suivante pour Elixir Aircraft sera la mise en place d’une chaîne logistique pour les pièces détachées et un réseau de service-centers, sans compter l’exploitation des datas à propos de son usage en école. Cette nouvelle intervient 14 jours après la sortie de piste à La Rochelle d’un appareil d’Airbus Flight Academy à la suite d’un vol d’essai après une visite de maintenance. Les causes ne sont pas encore connues, mais cela montre que la fiabilisation d’un appareil est une étape capitale, notamment si la cible est le réseau des écoles de pilotage.