L’association mondialement connue Aviation sans Frontières, rompue à l’urgence sanitaire et à l’aide aux populations, a décidé de mettre en place une plateforme collaborative qui permettra, rapidement et à la demande, l’acheminement de personnels soignants et de petits équipements médicaux, en France et en Europe, grâce à l’outil aérien. Les services hospitaliers sont sous pression, les besoins sont immenses, tant en acheminement de matériel et de personnels qualifiés pouvant venir de toutes les régions renforcer les équipes en place. Par ailleurs, certaines Agences régionales de santé (ARS) sont clairement en recherche de catégories de personnel particulières comme des infirmiers anesthésistes diplômés d’État (IAD). Toutes les demandes sanitaires et les offres de transport sont, dans cette attente, réceptionnées et traitées en temps réel à l’adresse suivante : [email protected]
De même, Aviation sans Frontières fait appel également aux personnels médicaux, notamment en anesthésie-réanimation, qui pourraient ainsi renforcer les établissements saturés. Aviation sans Frontières fait appel aux professionnels du secteur aéronautique et du transport aérien (aviation d’affaires, petites compagnies, propriétaires d’avions…) pour qu’ils mettent à disposition, à titre gracieux, leurs avions et leurs équipages professionnels en France.
L’utilisation de l’aérien trouve là toute sa pertinence. L’aviation commerciale est quasiment clouée au sol. Orly a fermé et on parque les avions sur une piste ou une taxiway. Pourtant, à côté des grandes, il existe de petites compagnies régionales qui, elles, n’ont pas immobilisé tous leurs avions en prévision d’une éventuelle urgence. Leur capacité opérationnelle est totale et une partie de leurs pilotes sont prêts à remettre l’uniforme pour se joindre à l’effort sanitaire qu’exige la situation. Les avions sont des modules de taille modeste, avec des coûts d’exploitation raisonnables. Ils se posent sur de petits aérodromes.
L’aviation d’affaires offre la même souplesse : facilité de mise en œuvre, rapidité et confort pour les jets, et accessibilité aux petits terrains. C’est d’ailleurs la grande qualité de cette aviation qui sait également se faire discrète, pas besoin d’atterrir sur de grandes plateformes. Et quand c’est le cas, inutile de mettre en service une aérogare publique de grande taille. Les FBO (aérogares d’aviation d’affaires) sont suffisants. Là encore, certaines compagnies d’affaires gardent quelques avions prêts à partir. Au sein de l’EBAA (European Business Aviation Association), par exemple, il y a plusieurs dizaines d’avions susceptibles d’être ainsi utilisés au coup de sifflet. L’autre intérêt de l’aviation d’affaires est qu’elle peut également offrir des modules de toutes tailles, adaptés aux besoins.
Aujourd’hui, l’urgence sanitaire est centrée sur le traitement des patients atteints par ce virus et ceux admis dans les services d’urgence. Mais il faut aussi penser aux personnes qui sont également en situation d’urgence pour d’autres pathologies graves et qui courent un risque en raison de la surcharge des services de réanimation. Elles doivent toutes pouvoir être acheminées dans d’autres hôpitaux, notamment en province.
Le besoin en soignants est naturellement capital. L’État prend en charge leur transport pour une grande part grâce aux TGV quand il s’agit de groupes. Acheminer ponctuellement un médecin/soignant d’un CHU régional en renfort, permettre le prêt de matériel entre établissements distants – on pense aux respirateurs ou aux bonbonnes d’oxygène –, tout cela est possible grâce à l’avion, plus souple et agile que le train pour des cas isolés. C’est un peu du transport sur-mesure. Cette logique vaut également pour l’hélicoptère, à condition que les distances entre établissements soient plus modestes. Les coûts d’exploitation seraient certes un peu plus élevés, mais l’hélicoptère peut se poser au plus près des établissements de santé.
Les conditions de confinement qui doivent entourer un malade atteint du COVID-19 rendent le transport d’un patient infecté compliqué à mettre en place. Compliqué, mais pas impossible. Les autorités sanitaires, les agences régionales de santé, les décideurs gouvernementaux seraient bien inspirés d’avoir à l’esprit qu’ils disposent d’un outil aérien parfaitement adapté à l’urgence sanitaire.