Il avait quelque chose d’américain dans le regard et dans son large sourire. Un fermier de l’Ouest, un pilote de diligence… Christian Heintz, (à droite sur la photo) le concepteur des avions Robin métalliques, a quitté cette planète pour la 4 ou la 5e dimension… Son nom restera à jamais attaché à la production française du constructeur dijonnais. Au départ, il avait un temps songé à être cuisinier, il fera finalement une école d’ingénieur. Il passe d’abord par Sud Aviation, sans conviction. Quand Jean Delemontez s’éloigne de la maison Robin, Pierre Robin cherche un ingénieur pour son bureau d’études. Nous sommes en 1962. Il travaille un temps sur les DR 250 puis 253. Mais la demande du marché est tournée vers le métal, les avions américains changent le goût des clients.
Chris Heintz va alors concevoir la série des HR 100 puis 200 avec comme avion haut de gamme le HR 100/250 de 250 ch avec un train rentrant. Quand Chris Heintz dessinait une pièce, il s’efforçait de mesurer également sa facilité de fabrication de ses propres mains. S’il y passait trop de temps, il refaisait son dessin. Il faut y voir un aspect majeur de son travail : une simplicité de production pour gagner du temps et fabriquer plus vite afin de contenir les coûts de production. Le HR 100 sera même choisi par le Centre d’essai en vol (CEV) et le SFACT (bien avant sa fusion avec l’ENAC) pour la formation des pilotes professionnels. Le HR 200 sera lui un avion d’école, certaines versions passeront la voltige. En 1971, Chris Heintz quitte la France et part au Canada pour fonder Zenair Aircraft qui fabriquera entre autres les Zodiac et les CH 701, un ULM et avion de brousse aile haute dont le design a beaucoup inspiré.
Il concevra également un avion biplace, le CH2000, qui s’adjugera une réputation de rusticité, de solidité et de fiabilité. Puis en 1994, une version plus moderne sortira : le CH2000 Alarus qui sera certifié JAR VLA avec une avionique plus contemporaine, un look un peu moins rustique et des techniques de fabrication plus modernes. Le moteur sera le 0-235, le même que le Cessna 152… L’appareil était destiné aux écoles, mais le succès a été mitigé ; enfin un kit de 4 places était également proposé : le CH640. Il y a une dizaine d’années, il faisait produire une partie de ses CH 601 par Dyn’aero. Il a rejoint Jean Delemontez et Pierre Robin tournant ainsi une page importante de notre aviation générale.