Sans doute est-ce la force de l’habitude, à savoir des déplacements rapides de la rédaction depuis plus de 40 ans dans des avions certifiés pour pouvoir voler par tous temps, à deux ou trois personnes, parfois plus, avec du matériel encombrant, pour un aller-retour rapide dans la journée, éventuellement sur deux jours si le rendez-vous se tient au fin fond de l’Europe, qui fait que, à notre grand regret, nous ne pouvons pratiquer que très rarement l’ultraléger motorisé. Et pourtant, nous connaissons un peu le sujet pour avoir été copropriétaires à nos débuts de deux ULM, lors des balbutiements de la discipline, quand jamais il ne fallait s’engager au-dessus d’une forêt sans en calculer le point-milieu tellement les pannes moteur avec posé dans les champs faisaient partie de l’ordinaire, un deux-axes Weedhopper et un trois-axes Maestro. Mais, à la rédaction, pour avoir essayé des dizaines de machines lors de toutes ces années, nous avons une idée précise de celle dont nous serons propriétaires un jour car cette discipline présente tellement d’autres avantages que je résume en un seul mot : liberté ! Aujourd’hui, en pleine chaleur juilletiste, nous avons volé, une fois encore, en IFR depuis Toussus-le-Noble parce que c’est plus simple – une heure de zigs et de zags sur autopilote, en haut, bien au frais, en air laminaire. Mais je compte me rattraper maintenant en partant voler paisiblement aux commandes d’un Legend 600, synchrone avec la campagne, les vastes étendues de forêts, de lacs et de cours d’eau qui nous entourent car nous sommes à Gray, en Haute-Saône. La dernière fois que nous avons passé quelques heures avec l’équipe de Gray Light Aviation (GLA), c’était pour voler sur le Skylane d’Airlony en 2015, une copie réussie du Cessna 182, la société s’appelait autrement, mais, à part le hangar neuf de l’aéroclub local et un projet de prolongement de piste, le temps semble figé à Gray écrasé par un soleil de plomb. De plus, toutes ces années n’ont eu aucune emprise sur nos hôtes, Jérôme Cannelle et sa fille Charlotte, qui nous accueillent comme si nous nous étions quittés la veille. Nous sommes là pour le Legend 600 cette fois, un appareil différent du Skylane, mais j’observe les machines côte à côte devant les bureaux de GLA et, à part les marquages, les deux copies de Cessna se ressemblent comme des jumeaux, ce qui interroge.
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