Grande manœuvre du côté des écoles d’ingénieurs, l’École nationale de l’aviation civile (ENAC) rejoint le groupe IASE qui regroupe déjà 5 écoles ISAE-SUPAERO, ISAE-ENSMA, ISAE-SUPMECA, l’Estaca et l’Ecole de l’Air et de l’Espace. Il représente plus de 6500 étudiants, dont 4000 ingénieurs, et plus de la moitié des ingénieurs recrutés dans ce secteur vient de l’une de ces écoles. Entre l’ENAC et le groupe ISAE, on ne parle pas de fusion naturellement, ni de mise en commun de budget, mais plutôt de la poursuite d’une synergie en matière d’enseignement supérieur dans le domaine aéronautique et spatial. Cette adhésion a d’abord pour objectif de donner une meilleure visibilité au plan international à l’excellence de la formation française, les écoles doivent faire face à une concurrence de plus en plus soutenue pour recruter ses ingénieurs, aux USA, en Grande-Bretagne, en Allemagne et dernièrement à Munich.
Avec ses 1800 étudiants et ses 600 diplômés par an, l’ENAC apporte une approche de la formation opérationnelle des techniciens de l’aérien, les pilotes, les contrôleurs, les techniciens qui complètent les formations plus scientifiques des autres écoles. Les ingénieurs de l’ENAC ont vocation à se retrouver partout dans l’écosystème du transport aérien : constructeur, compagnies et aéroport. Par ailleurs au travers de ses masters spécialisés, elle contribue également à la diffusion de la culture du transport aérien au travers de la formation continue. L’ENAC met cela en pratique à la fois pour les étudiants en master, mais également vers les fonctionnaires de la DGAC, son autorité de tutelle. L’autre point de l’ENAC est de bénéficier d’une grande expérience à l’exportation de ses formations, voire au montage sur place d’enseignements spécifiques à la demande de client étrangers et ainsi d’une bonne notoriété. Les apports sont croisés : l’ENAC reste proche d’Airbus et d’ADP dans le cadre de sa future fondation, ce qui intéresse les écoles du groupe IASE, mais l’ENAC va également intégrer un réseau disposant déjà d’une excellente visibilité internationale. L’ENAC aura le statut d’école associée.
Ce rapprochement est également consécutif des changements dans le milieu de l’enseignement supérieur avec un regroupement des grandes entités : « Nous sommes tous soumis à des obligations en termes de classement, de visibilité et de rayonnement, il est de l’intérêt de l’ENAC de rejoindre un réseau qui la rendra plus visible. Les relations entre les écoles aéronautiques et l’industrie sont fortes et cette dernière souhaite disposer d’un ensemble de formations coordonnées. Il était dans mon contrat d’objectif l’adhésion au groupe ISAE pour renforcer la structuration du secteur et de la formation en soutien au secteur, nous sommes complémentaires », explique Olivier Chansou, le directeur de l’ENAC. A ce titre, l’école adhère à la charte des valeurs du groupe ISAE qui vise à promouvoir le modèle des ingénieurs à la Française, plus complet qu’ailleurs selon les termes d’Olivier Lesbre, le directeur de l’ISAE Sup AERO. Il s’agit d’une formation à la fois pluridisciplinaire dans le domaine scientifique et technique et solide sur le plan des connaissances humaines et managériales. Les étudiants sont d’autre part fortement incités à partir à l’étranger pour se nourrir d’autres cultures.
Ce rapprochement doit permettre un partage des expériences et des projets pour amorcer la révolution nécessaire de l’aérien : la transition écologique du secteur aéronautique et spatial. Toutes les écoles de l’ISAE développent des formations spécifiques dans ce domaine et l’ENAC a également initié cette démarche notamment avec l’usage des avions électriques pour sa formation. Durant la présentation de l’arrivée de l’ENAC au sein du groupe, un point a notamment été fait sur l’attractivité du secteur au moment ou l’industrie relance ses recrutements et les enjeux de la décarbonation impliquent la création de nouveaux aéronefs et mode de transport. Les écoles n’ont pas connu de réelle désaffection en matière d’inscription : la cible des écoles a été atteinte, le niveau des bacheliers est en nette hausse, quant au taux de placement, celui concernant les élèves en cours de formation (recrutement avant le diplôme) il a légèrement baissé en 2020 (52 %) par rapport à 2019 (66 %). Post diplôme, il est de 80 % dans les deux mois en 2020 et 97 % dans les quatre mois. L’apprentissage des ingénieurs est également connaît un réel succès avec l’ouverture de 48 places dédiées à cette forme d’enseignement au sein de l’association. Le groupe ISAE s’affirme donc comme l’un des acteurs du rayonnement français en matière de formation.