Une étude ECLIF3 (Emission and Climate Impact of Alternative Fuels) est en cours depuis plusieurs années afin de mesurer les impacts d’un usage 100 % carburant durable (Saf) à bord d’un Airbus A350 équipé de moteurs à Rolls-Royce Trent XWB. Airbus, Rolls-Royce, le centre de recherche allemand DLR et le producteur de SAF Neste, sont tous associés à cette expérimentation. La conclusion s’avère très positive : l’équipe de recherche a constaté que le SAF libère moins de particules que le kérosène conventionnel dans toutes les conditions de fonctionnement, ce qui laisse entrevoir avec ce pourcentage la possibilité de réduire l’impact climatique et d’améliorer la qualité de l’air autour des aéroports.
« Les moteurs et les systèmes de carburant peuvent être testés au sol, mais la seule façon de recueillir l’ensemble des données sur les émissions nécessaires à la réussite de ce programme est de faire voler un avion en conditions réelles », a déclaré Steven Le Moing, responsable du programme des énergies nouvelles chez Airbus. « Les essais en vol de l’A350 offrent l’avantage de caractériser les émissions directes et indirectes du moteur, y compris les particules présentes dans le sillage d’un avion à haute altitude. »
En outre, le SAF a une densité plus faible, mais un contenu énergétique plus élevé par kilogramme de carburant par rapport au kérosène conventionnel, ce qui présente certains avantages en termes de rendement énergétique des avions en raison de la diminution de la consommation de carburant et de la masse de carburant à embarquer pour réaliser la même mission. L’équipe procède actuellement à une analyse détaillée. Simon Burr, directeur du développement des produits et de la technologie de Rolls-Royce pour l’aéronautique civile, a déclaré : « Cette recherche s’ajoute aux tests que nous avons déjà effectués sur nos moteurs, tant au sol qu’en vol, qui n’ont trouvé aucun obstacle d’ingénierie à ce que nos moteurs fonctionnent avec 100 % de SAF. Si nous voulons vraiment décarboner le transport aérien long-courrier, le 100 % SAF est un élément essentiel et nous nous engageons à soutenir sa certification. »
« Le carburant d’aviation durable est largement reconnu comme une solution cruciale pour atténuer l’impact climatique du secteur de l’aviation, à la fois à court et à long terme. Ce projet visant à mesurer les avantages considérables du SAF par rapport au carburéacteur fossile fournira les données nécessaires pour soutenir l’utilisation du SAF à des concentrations supérieures à 50 % et clarifiera les avantages supplémentaires de l’utilisation du SAF », a déclaré Jonathan Wood, vice-président Europe de Neste, Renewable Aviation.
Les conclusions de l’étude appuieront les efforts actuellement déployés par Airbus et Rolls-Royce pour une utilisation à grande échelle de SAF dans le cadre de l’initiative plus large de décarbonation de l’industrie. Rappelons que les avions sont actuellement autorisés à fonctionner avec un mélange de 50 % de SAF et de carburant d’aviation conventionnel. À l’occasion du congrès annuel de l’Union des Aéroports français, Guillaume Faury, le dirigeant d’Airbus avait rappelé que sur les 24 000 avions en vol dans le monde, seuls 13 % étaient d’une génération capable de voler avec au moins 50 % de SAF, ce qui laisse une sacrée marge de manœuvre pour aller vers une transition énergétique plus rapide. Le SAF reste le principal moyen de parvenir à un équilibre entre captation et émission du CO2. Toutefois, il reste une marche à franchir la certification 100 % des appareils, ce qui demandera un suivi précis du moteur, mais également des circuits de distribution de carburant à bord.
Les tests d’émissions en vol et les essais au sol associés au programme ECLIF3 ont débuté au début de l’année et ont récemment repris. L’équipe interdisciplinaire, qui comprend également des chercheurs du Conseil national de recherches du Canada et de l’université de Manchester, prévoit de publier ses résultats dans des revues spécialisées vers la fin de l’année prochaine et en 2023. En avril, l’A350 avait effectué trois vols au-dessus de la mer Méditerranée, suivi par un avion d’accompagnement Falcon du DLR, afin de comparer les émissions en vol avec du kérosène et avec du carburant durable HEFA (hydro-processed esters and fatty acids) de Neste. Le Falcon du DLR est équipé de plusieurs sondes pour mesurer les émissions en croisière jusqu’à une distance de seulement 100 mètres de l’A350 et les transmettre à des instruments scientifiques pour analyse.